CGT Proxiserve

Revente du groupe Proxiserve

Réunion du CSE Proxiserve du 15 septembre 2022

 

Information et consultation sur le projet d’évolution du capital du groupe Proxiserve.

 

La Présidente : Ce CSE extraordinaire porte sur le projet d’évolution du capital du Groupe Proxiserve. Ce projet a été présenté au Comité de Groupe le 13 septembre, en présence de certains d’entre vous.

 

Une note d’information vous a été transmise la semaine dernière. Cette note rappelle d’abord les grandes étapes de l’évolution du capital de Proxiserve depuis sa sortie du groupe VEOLIA, en décembre 2011. À cette époque, le groupe VEOLIA a souhaité vendre Proxiserve, qui gagnait très peu d’argent, dans le cadre de son programme de cession d’actifs. Les métiers de Proxiserve étaient considérés par le groupe VEOLIA comme beaucoup moins nobles et moins rentables que le cœur de métier de VEOLIA.

 

Dans ce contexte, le PDG du groupe Proxiserve a monté un projet de rachat d’entreprise. Ce projet a été extrêmement compliqué à monter, entre l’été 2010 et décembre 2011, car nous avions d’importantes difficultés à trouver des investisseurs ou des banquiers pour s’associer au projet. En effet, l’entreprise Proxiserve n’était pas perçue comme solide ou rentable à l’époque. Fin 2011, un investisseur – Latour Capital – a finalement accepté de mettre de l’argent dans l’Entreprise et a acheté 70 % du capital. Dans le cadre de ce projet, le PDG du groupe Proxiserve est devenu actionnaire minoritaire ; une partie de l’équipe de Direction de l’époque a également investi dans l’Entreprise. À l’époque, ce projet a été vécu comme un pari assez risqué, car nous n’étions absolument pas certains de réussir à redresser l’Entreprise, et ce dans un contexte économique compliqué. Sans l’activité comptage, Proxiserve n’était pas rentable à l’époque.

 

Entre 2011 et 2015, le Groupe Proxiserve était donc organisé selon ce schéma. Les années 2012 et 2013 ont été très compliquées. Sortant de l’univers de VEOLIA, nous ne disposions plus de la trésorerie de VEOLIA pour remettre de l’argent dans l’Entreprise en cas de besoin. Par ailleurs, les banquiers ne voulaient pas nous prêter d’argent. Pendant toute cette période 2011-2015, nous avons conduit de nombreux projets visant à redresser l’Entreprise – mise en place des tablettes pour suivre les tournées des techniciens, introduction de la vente en ligne, projets de vente de bornes de recharge pour véhicules électriques. C’est donc pendant cette période que le Groupe a opéré une transformation assez profonde.

 

Fin 2015, l’Entreprise commençait à devenir rentable. Ainsi, Latour Capital a souhaité faire évoluer sa participation, en vendant une partie de ses parts. Le PDG du Groupe Proxiserve est alors devenu l’actionnaire largement majoritaire de Proxiserve. Il avait ainsi les mains libres pour prendre un certain nombre de décisions stratégiques, comme l’introduction de nouveaux métiers ou encore l’acquisition de sociétés extérieures (Onefield). Le Groupe est alors entré dans une nouvelle période. Entre 2015 et 2018, l’Entreprise a poursuivi sa croissance. Le chiffre d’affaires a augmenté considérablement, d’environ 220 millions d’euros en 2011 à environ 510 millions d’euros cette année. Les bons résultats enregistrés au cours de cette période, notamment sur le métier du comptage, ont permis au Groupe de se renforcer sur ses nouvelles activités – vente de chaudières en ligne, bornes de recharge pour véhicules électriques.

 

En novembre 2018, le PDG du groupe Proxiserve a exprimé la volonté de faire à nouveau évoluer le capital de l’Entreprise, expliquant qu’en tant que personne physique, il n’était pas en mesure de garantir pour des années une surface financière suffisante permettant de soutenir le développement de Proxiserve. Ainsi, en mars 2019, deux nouveaux investisseurs sont entrés au capital de Proxiserve : Vauban (anciennement Mirova) et Asterion. Après cette opération, le Groupe s’est retrouvé dans une nouvelle situation, assez équilibrée, dans laquelle Vauban et Asterion détiennent chacun un peu plus d’un tiers du capital, et le management du Groupe – le PDG du groupe Proxiserve et les équipes de Direction – détient un peu moins d’un tiers du capital.

 

Vauban est une filiale du groupe Banque Populaire – Caisse d’Épargne. Ce fonds d’investissement français gère 7,6 milliards d’euros d’actifs. Il est spécialisé dans l’investissement de long terme, pour des périodes de 15 à 25 ans, dans des métiers d’infrastructures au niveau des secteurs de l’énergie, de la mobilité électrique, des télécommunications et des transports. Proxiserve a des liens avec deux de ces secteurs : l’énergie et la mobilité électrique.

 

Asterion est un fonds de private equity qui investit dans des sociétés sur des périodes de 3 ou 4 ans. Ainsi, au cours de l’été 2022, Asterion a assez logiquement fait connaître son désir de vendre sa participation.

 

Quand un des actionnaires souhaite vendre ses parts, il veut vendre à un très bon prix. Dans ce cadre, il lance un process de vente en constituant une documentation complète concernant le Groupe Proxiserve, qu’il envoie à une cinquantaine de sociétés susceptibles d’être intéressées par le rachat de ses parts. Cette procédure a l’avantage, pour celui qui vend, de susciter un phénomène d’enchères qui permet d’obtenir le meilleur prix pour le rachat des parts. Toutefois, cette procédure présente également une part d’incertitude, ne sachant pas qui fera la meilleure offre de rachat. L’acheteur peut ainsi être un acteur industriel, susceptible de mettre en place des synergies avec ses autres sociétés ou de revendre une partie des activités du Groupe. L’acheteur peut également être un partenaire financier, dont les exigences peuvent être en décalage avec la stratégie du Groupe.

 

Suite à cette annonce, Le PDG du groupe Proxiserve et la Direction du Groupe ont souhaité imaginer un schéma permettant d’éviter cette période d’incertitude. Ainsi, il a été proposé à Vauban, notre actionnaire depuis quatre ans, de racheter la participation d’Asterion. Vauban, qui réalise des investissements de long terme, est convaincu que les métiers de Proxiserve se trouvent au cœur des enjeux liés à l’environnement. Par ailleurs, depuis leur investissement en 2019, l’équipe de Direction rencontre chaque mois Vauban et Asterion. Vauban connaît donc très bien l’équipe de Direction de Proxiserve et lui fait confiance. En outre, pendant la période de crise sanitaire et en particulier de confinement, Vauban est resté aux côtés de Proxiserve et a soutenu les choix du Groupe.

 

En juillet 2022, Vauban a fait une offre de rachat à Asterion, qui l’a acceptée. À cette occasion, Vauban a également fait une offre pour le rachat des parts détenues par le management. Pour que cette offre puisse se concrétiser, les instances représentatives du personnel du Groupe doivent exprimer leur avis sur cette offre. De plus, compte tenu de la taille du Groupe, l’offre doit être soumise à l’Autorité de la concurrence, qui s’assure que ce rachat n’entraîne pas de position dominante du Groupe sur certaines activités. À l’issue de l’opération, Vauban détiendrait ainsi la quasi-totalité du capital de Proxiserve, et ce pour de nombreuses années puisque leur modèle est d’investir pour des périodes très longues.

 

Je suis convaincue, tout comme l’équipe de Direction et les cadres de l’Entreprise, que ce schéma apportera beaucoup de sécurité et de visibilité à l’Entreprise. Dans la période de grande incertitude économique dans laquelle nous sommes, je pense que cette proposition de rachat par un investisseur solide est une chance pour le Groupe Proxiserve.

 

La mise en œuvre de ce projet n’aura aucune conséquence sociale. Le statut collectif et individuel des salariés n’est absolument pas impacté par ce projet. Les instances représentatives du personnel et les mandats en cours sont maintenus. En outre, en dehors de la structure du capital du Groupe, aucun changement n’est à prévoir. L’équipe de Direction, mobilisée pour la mise en œuvre de ce projet, sera maintenue.

 

En termes de calendrier, nous procédons aujourd’hui à la consultation des instances au sein de l’UES et des filiales du Groupe. Ce projet devrait se concrétiser en décembre 2022, quand il aura été validé, notamment par l’Autorité de la concurrence.

 

Paulo TAVARES : Ce qui importe aux élus est de s’assurer que les salariés ne seront pas impactés négativement par cette opération financière. Vous avez présenté un projet très ambitieux. Néanmoins, dans la note que vous nous avez transmise comme dans votre présentation, à aucun moment vous ne présentez de données chiffrées liées à cette opération financière.

Vous parlez d’une évolution du capital, mais nous ne savons pas à quel niveau le capital du Groupe sera porté. Vous évoquez une offre de rachat par Vauban en juillet, mais nous ne savons pas à combien s’élève cette offre. Vous indiquez qu’une partie du capital détenu par le PDG du groupe Proxiserve et par le management sera reprise par Vauban, mais nous ne savons pas à quelle hauteur. Aussi, la CGT considère que la Direction doit fournir des informations complémentaires pour que le CSE puisse rendre un avis. Nous ne pouvons pas nous contenter de savoir qu’il y a un repreneur.

En outre, lors de la présentation du projet d’évolution du capital en 2018, la Direction avait expliqué que le fait qu’il y ait plusieurs actionnaires permettrait d’éviter la cession de certaines activités du Groupe. Or, dans le schéma avec un seul actionnaire que vous présentez ce jour, vous mettez le même argument en avant. Nous sommes donc inquiets sur ce point. Par ailleurs, vous affirmez que Vauban sera un meilleur repreneur qu’un acteur industriel, mais vous n’apportez aucune garantie à ce sujet.

La CGT demande les informations supplémentaires suivantes : l’organigramme avant et après l’opération ; le prix de cession des actions ; le rapport d’évaluation des actions ; l’impact du projet en termes de gouvernance ; les éléments d’actualisation de la stratégie ; le prix de la valorisation du Groupe ; le business plan ; les plus-values ; le devenir de la redevance de marque (qui a évolué de 3,6 millions d’euros en 2019 à 12 millions d’euros en 2020).

Par ailleurs, nous avons bien compris que Vauban souhaitait maintenir le PDG du groupe Proxiserve en tant que dirigeant de l’Entreprise. Quel schéma sera mis en place ? Des frais de pilotage sont-ils prévus ?

Nous souhaitons également connaître les exigences de rentabilité attendues par Vauban, qui met beaucoup d’argent sur la table pour le rachat du capital détenu par Asterion et des parts détenues par le PDG du groupe Proxiserve et l’encadrement, sachant que les exploitations sont déjà à bout. Les techniciens, les administratifs, les secrétaires, les magasiniers, les chefs d’équipe, voire même certains chefs d’agence, sont fatigués par le rythme de travail.

Nous souhaitons également connaître l’affectation du capital au sein du Groupe ainsi que les nouvelles contraintes pour les sociétés de l’UES. L’Entreprise avait pour stratégie d’investir au niveau de l’activité comptage et de l’informatique. Cette stratégie est-elle maintenue ?

Enfin, nous déplorons que les deux Représentants de la CGT qui devaient participer au Comité de Groupe aient été informés de la tenue de la réunion à la dernière minute.

 

Le DRH : La convocation a été envoyée quinze jours avant la réunion et non à la dernière minute.

 

Paulo TAVARES : Nous avons informé le DRH que les élus CGT n’étaient pas disponibles et avaient déjà des impératifs à cette date. Nous avons demandé que la réunion soit décalée, ce qui nous a été refusé. Une autre organisation syndicale était également dans l’impossibilité de se rendre à ce Comité de Groupe.

Nous souhaitons que les éléments complémentaires que nous avons demandés soient communiqués par écrit. En outre, la CGT considère que le fait de consulter le CSE dès aujourd’hui est prématuré, alors qu’aucun élément chiffré n’a été transmis. Les salariés sont également dans l’attente d’informations complémentaires concernant ce projet afin d’être rassurés. Quel que soit le repreneur du Groupe, ce qui importe aux salariés est de pouvoir retrouver une vie professionnelle convenable et acceptable.

 

Un élu : Les élus n’ont également pas d’avis précis sur le choix de l’investisseur. Vous affirmez qu’un investisseur financier est préférable à un acteur industriel, mais nous n’en savons rien. En revanche, nous avions les mêmes informations complémentaires en attente que nos camarades pour être en mesure de rendre un avis. De plus, nous souhaitons savoir si ce projet aura un impact sur la participation.

 

La Présidente : Je répondrai en séance à toutes les questions que vous avez posées, puisque nous souhaitons que vous puissiez rendre un avis dès aujourd’hui.

En ce qui concerne l’investisseur, j’entends que vous n’ayez pas d’avis. Néanmoins, je peux vous affirmer qu’aucun investisseur industriel n’est intéressé par le périmètre du Groupe Proxiserve tel qu’il existe aujourd’hui. Les acteurs industriels peuvent être intéressés par certains métiers du Groupe, mais jamais par l’ensemble du Groupe, ce qui entraînerait un démantèlement du Groupe. C’est pourquoi un partenaire financier qui trouve un intérêt dans l’ensemble des métiers du Groupe s’impose comme la meilleure solution. En outre, nous avons prouvé par le passé que la présence de partenaires financiers au capital du Groupe n’a jamais entraîné de cession d’activité ou de démantèlement du Groupe.

S’agissant de la participation, aucun impact n’est à prévoir. La participation a vocation à grandir. Nous sommes convaincus que la participation constitue un levier intéressant. De la même manière, aucun impact n’est à prévoir sur la redevance de marque puisque l’organisation des sociétés n’est pas modifiée. L’organigramme qui vous a été communiqué montre que le périmètre et l’organisation du Groupe ne changent pas.

En ce qui concerne la stratégie vis-à-vis des métiers, ce sujet est régulièrement abordé en CSE et est rappelé dans la note. Sur chacun de nos métiers – maintenance, mobilité électrique, comptage, métier d’Edenkia –, nous avons une vision extrêmement claire de la stratégie. Aucun changement stratégique n’est à noter. Nous avons l’immense chance d’avoir des métiers en croissance. Nous continuerons ainsi à croitre dans tous nos métiers, notamment en renforçant nos nouvelles activités. En maintenance par exemple, les relais de croissance reposent sur les pompes à chaleur et les ventes en ligne.

S’agissant de la gouvernance, elle n’a pas non plus vocation à changer. Le PDG du groupe Proxiserve restera le PDG. Quand un partenaire financier décide d’investir des sommes importantes dans une société, il le fait parce qu’il a confiance en l’équipe de Direction. En effet, le financeur achète également les compétences des équipes.

 

Un élu : Si le PDG du groupe Proxiserve décide demain de quitter l’Entreprise, comment son remplaçant sera-t-il nommé ?

 

La Présidente : L’actionnaire désignerait alors son remplaçant. Le départ du PDG du groupe Proxiserve n’est toutefois pas à l’ordre du jour.

Vous avez posé des questions sur la valeur des actions, le prix de la transaction et l’affectation du capital au sein du Groupe. Qu’entendez-vous par « affectation du capital au sein du Groupe » ?

 

Paulo TAVARES : Vous avez parlé d’une évolution du capital. À combien le capital sera-t-il porté ?

 

La Présidente : Ces éléments sont confidentiels. Je demande donc qu’ils ne figurent pas au procès-verbal.

Pour les personnes qui ont investi il y a quatre ans, la valeur des actions aura à peu près doublé au moment de l’opération.

 

Paulo TAVARES : Les actions ont-elles toute la même valeur, qu’elles soient détenues par l’encadrement ou par Asterion ?

 

La Présidente : Tout à fait.

 

Farid EL ALLALI : Pouvez-vous nous communiquer un chiffre précis ? Votre réponse est assez floue.

 

La Présidente : J’ai bien compris que votre intention est d’expliquer que nous n’allons pas répondre à vos questions et que vous ne serez pas en mesure de rendre un avis. Je vais répondre à vos questions, qui sont fondées, et vous jugerez si ces réponses vous conviennent. En outre, je n’ai pas communiqué ces éléments il y a quatre ans quand vous m’avez interrogée dessus. Vous avez pourtant été en mesure de rendre un avis.

S’agissant du business plan, il convient de s’assurer que face à cet investissement, l’actionnaire n’impose pas une exigence de rentabilité qui soit insupportable pour l’Entreprise. Dans les faits, Vauban a regardé notre parcours, le rythme de croissance de nos métiers – 4 % de croissance annuelle pour la maintenance en habitat social par exemple, 5 % pour le comptage. Vauban espère que l’Entreprise maintiendra le rythme de croissance qu’elle a connu au niveau de ses différents métiers pour les trois à quatre prochaines années. En outre, Vauban n’a pas imposé de conditions en termes de résultats. L’investissement de Vauban s’inscrivant dans une très longue durée, de l’ordre de 25 ans, aucun business plan ne peut porter sur une si longue période.

Vous avez demandé si cette évolution générerait de nouvelles contraintes pour les sociétés de l’UES. Les sociétés de l’UES ne connaîtront pas de nouvelles contraintes. Ce projet n’entraînera aucun plan de restructuration ni aucune modification ou cession d’activité.

 

Paulo TAVARES : Vauban serait-il ouvert au fait que l’UES s’agrandisse, en intégrant Edenkia et Zeborne dans l’UES Proxiserve par exemple ?

 

La Présidente : Vous pouvez aborder ce type de sujet à tout moment au sein des instances. Si une évolution du périmètre de l’UES devait intervenir demain, ce projet serait présenté aux Représentants du personnel dans le cadre des instances.

L’opération d’évolution du capital ne se joue pas au niveau de l’UES, mais au niveau au-dessus. Vauban a une lecture par métiers du Groupe.

 

Paulo TAVARES : Vauban deviendra le seul actionnaire. Nous considérons que ce sujet du périmètre de l’UES peut être abordé avec vous, avant même la concrétisation de ce projet.

 

La Présidente : L’évolution du périmètre de l’UES n’est pas le sujet à l’ordre du jour de ce CSE.

 

Un élu : Vous avez indiqué que l’actionnaire s’engageait sur des périodes très longues, pouvant aller jusqu’à 25 ans, ce qui est plutôt positif. L’actionnaire peut-il s’engager pour une durée précise, notamment au vu de la période d’insécurité économique qui s’annonce et qui génère un certain nombre d’interrogations ? Par ailleurs, nos métiers nécessitent parfois des investissements capitalistiques. L’actionnaire aura-t-il son mot à dire sur ces investissements ? Pourra-t-il revenir sur certaines de ses promesses ?

 

La Présidente : Quand je parle d’un investissement pour 25 ans, l’esprit est que l’actionnaire investit pour une très longue durée. Vauban fonctionne sur ce modèle d’investissement de très longue durée. En réalisant cette opération, Vauban n’envisage pas de se retirer après quelques années et se projette dans la durée. Néanmoins, aucun actionnaire, lorsqu’il investit, ne communique la date précise à laquelle il se retirera.

S’agissant des investissements, le souhait de Vauban est que Proxiserve continue de grossir, quitte à acquérir d’autres sociétés. Par ailleurs, Vauban est conscient des investissements, de l’ordre de 25 millions d’euros, qu’il est nécessaire de faire chaque année au niveau du comptage. En outre, Vauban est là pour investir et souhaite que Proxiserve présente des opportunités d’investissement et de croissance.

Nous entrons dans une période très dure économiquement. Des entreprises de notre secteur connaissent déjà des difficultés. Des entreprises, notamment celles qui sont très dépendantes à l’énergie, connaîtront d’importantes difficultés. Proxiserve n’est pas une entreprise trop consommatrice d’énergie. Néanmoins, en 2022, le coût du carburant a augmenté d’un million d’euros pour Proxiserve. 2022 n’est pas une année facile. Je ne suis pas certaine que 2023 sera une année plus facile. Pour autant, Vauban est très content d’être à nos côtés, car nous avons démontré que nous étions solides. Proxiserve a été capable d’affronter la crise sanitaire, ce qui a – je pense – beaucoup impressionné Vauban.

 

Un élu : Vous indiquez que Vauban détiendra la quasi-totalité du capital. Pouvez-vous nous communiquer un pourcentage plus précis ? Dans le futur, est-il envisagé d’ouvrir l’actionnariat aux salariés ? Par ailleurs, Vauban a-t-il la capacité d’investissement suffisante pour accompagner la mutation de nos métiers dans le cadre de la transition écologique ? La raréfaction de l’eau et du gaz est annoncée pour un futur pas si lointain. Nous devons donc réfléchir sérieusement à la mutation de nos métiers.

 

La Présidente : Vauban gère un portefeuille de 7,6 milliards d’euros et a donc une immense capacité d’investissement.

 

Un élu : La nécessité de réaliser des investissements pour accompagner la mutation de nos métiers est-elle bien à l’esprit de Vauban ?

 

La Présidente : Vauban est totalement conscient de ce sujet et connaît très bien les enjeux des métiers de Proxiserve. Vauban souhaite investir, développer nos métiers et accompagner leur mutation. Depuis 2019, nous échangeons chaque mois avec Vauban concernant nos contrats, nos métiers, notre stratégie, nos résultats. Il n’y a pas de raison que cela change à l’avenir.

Quant aux mutations à venir, le fait que le prix du gaz flambe représente aussi un moteur formidable pour pousser la mise en place de la répartition des frais de chauffage auprès des bailleurs sociaux. En outre, les évolutions actuelles constituent aussi une opportunité énorme de développer nos métiers. Nous n’avons jamais eu autant d’opportunités de développement qu’actuellement.

En ce qui concerne la part du capital que détiendra Vauban, je ne peux pas être plus précise à ce jour. Le mécanisme actuel d’actions gratuites pour les cadres sera reconduit, mais je n’en connais pas encore les modalités concrètes. Ce mécanisme fait partie de la génétique de l’Entreprise ; nous sommes fiers de dire que nous avons 200 cadres actionnaires dans l’Entreprise.

Quant à l’ouverture de l’actionnariat aux salariés, nous ne l’avons pas souhaitée jusqu’à présent. L’achat d’actions comporte des risques puisque l’investissement peut être perdu. Par ailleurs, cet investissement porte sur une durée longue et ne peut pas être récupéré à n’importe quel moment. Aussi, notre conviction est que pour des personnes qui n’ont pas des revenus de cadres, il est plus compliqué de participer à des mécanismes d’actionnariat qui présentent des opportunités, mais aussi des risques et des contraintes. Nous avons donc privilégié la mise en place de mécanismes différents, notamment au travers de primes. Enfin, quand les cadres reçoivent des actions gratuites, celles-ci s’accompagnent de conditions. Pour les chefs d’agence, l’agence doit réaliser son budget et le chef d’agence doit rester pendant au moins trois ans. Donner un objectif sur trois ans pour un technicien est moins aisé.

 

Un élu : Cela permettrait peut-être de fidéliser les équipes et de réduire le turnover.

 

La Présidente : Nous avons fait d’autres choix pour ces populations. Cette position évoluera peut-être à l’avenir, mais ce n’est pas prévu à ce jour.

 

Un élu : Le fait d’être repris par un actionnaire qui nous connaît me semble être plutôt un avantage pour Proxiserve.

Mon inquiétude porte sur les difficultés que nous connaissons aujourd’hui au niveau des approvisionnements de matériel et des conditions de travail. La situation est extrêmement tendue pour tout le monde – Siège, DR, agences, administratifs et techniciens. Vauban se préoccupe-t-il de trouver, dans un futur proche, des solutions pour donner aux équipes les moyens de travailler correctement et dans de bonnes conditions ?

 

La Présidente : Je suis consciente des problèmes opérationnels que nous rencontrons, notamment au niveau des approvisionnements. La gestion de ces problèmes constitue le quotidien du management. L’actionnaire ne nous empêchera pas d’intervenir ou n’interviendra pas directement sur ces questions. La Direction de l’Entreprise a la main sur les décisions opérationnelles.

 

Un élu : L’inquiétude des salariés est de voir leur charge de travail augmenter afin d’augmenter la rentabilité de l’Entreprise suite à l’investissement de l’actionnaire. Vous dites aujourd’hui clairement que ce ne sera pas le cas.

 

La Présidente : L’actionnaire n’intervient pas dans la marche opérationnelle de l’Entreprise. Ce n’est pas son métier. Vauban fait confiance à une équipe de Direction, qui connaît les métiers de Proxiserve.

Nous continuerons à travailler sur tous les sujets que vous avez évoqués ce jour. Tous nos problèmes ne seront pas réglés par cette évolution de capital.

 

Paulo TAVARES : L’Entreprise dispose de quelques leviers quand elle cherche à améliorer sa rentabilité. Elle peut agir sur les véhicules, ce qui n’est pas possible dans la période actuelle au vu de la hausse des prix de l’énergie. Elle peut agir sur le personnel. Sur ce sujet, nous avons bien constaté qu’avec moins de personnel, les salariés présents fournissent davantage de travail.

Si l’actionnaire ne regarde pas comment les agences sont organisées, il s’intéresse tout de même à ce que son investissement va lui rapporter. Avec l’inflation générale des prix, pour pouvoir maintenir la marge de l’Entreprise, la charge de travail va nécessairement augmenter, ce qui a des conséquences. Il convient de faire attention aux salariés, à leurs conditions de travail et à leur bien-être. Aujourd’hui, les salariés sont en souffrance.

 

Un élu : Le terme de « souffrance » est fort.

 

Paulo TAVARES : Il est totalement adapté pour les techniciens ou administratives.

 

La Présidente : Nous avons abordé de nombreux sujets, sur lesquels nous pourrons continuer à échanger à l’avenir dans les différentes instances. Nous vous demandons aujourd’hui votre avis sur le projet d’évolution du capital du Groupe.

Un élu : Comment prévoyez-vous de communiquer auprès des salariés sur ce sujet ?

 

La Présidente : A ce jour, il s’agit d’un projet. Quand celui-ci sera effectif, en décembre, nous communiquerons auprès de nos salariés et de nos clients bailleurs sociaux.

 

Thierry MESLET : Dans les exploitations, la vente de Proxiserve a fuité, ce qui suscite des rumeurs, mais aussi des craintes de la part des salariés. Vous dites que Vauban aime nos métiers. Pourtant, les salariés constatent bien que les faibles augmentations accordées dans le cadre des NAO ne permettent pas de compenser la hausse du coût de la vie. Certains salariés envisagent de quitter l’Entreprise. Or, toutes les exploitations sont déjà en situation de sous-effectif. Si d’autres salariés quittent l’Entreprise, nous n’aurons plus suffisamment de ressources pour honorer nos contrats avec les bailleurs sociaux.

 

Le DRH : Ces sujets sont abordés régulièrement dans le cadre de ce CSE. Je pense que les éléments communiqués en séance concernant Vauban, son investissement à long terme et le maintien des équipes de Direction répondent aux éventuelles inquiétudes des salariés.

Nous sollicitions votre avis sur ce projet d’évolution du capital du Groupe.

 

Le secrétaire : Nous demandons une suspension de séance.

 

Nathalie ALIX : Je m’interroge concernant l’évolution de l’actionnariat. Depuis 2011, le PDG du groupe Proxiserve a toujours détenu une part du capital du Groupe. Dans le cadre de ce projet, Vauban deviendra l’unique actionnaire. Il aura donc tous les pouvoirs, ce qui m’inquiète.

 

La Présidente : C’est noté.

 

La séance est suspendue de 12 heures 30 à 12 heures 40.

 

Paulo TAVARES : Pour tous les éléments que nous avons évoqués précédemment, les élus de la CGT ne sont pas en mesure d’émettre un avis et demande un report de la consultation.

Le responsable des affaires sociales : Je vous propose de voter sur la demande de report de la consultation.

 

L’assemblée procède au vote.

Le CSE rend un avis défavorable sur la demande de report de la consultation sur le projet d’évolution du capital du Groupe – 8 votes défavorables, 6 votes favorables (Nathalie Alix, Farid El Allali, Paulo Tavares, et trois autre élus) et 1 abstention.

 

Le responsable des affaires sociales : La demande de report est rejetée. Le CSE est donc consulté sur le projet d’évolution du capital du Groupe.

 

L’assemblée procède au vote.

Le CSE rend un avis favorable sur le projet d’évolution du capital du Groupe Proxiserve – 8 votes favorables, 4 abstentions. Trois élus CGT (Nathalie Alix, Farid El Allali et Paulo Tavares) n’ont pas pris part au vote.

 

Paulo TAVARES : Nous n’avons pas pris part au vote, car nous ne sommes pas en mesure d’émettre un avis pour les raisons que nous avons déjà évoquées.

La Présidente : Je vous remercie. Je suis très heureuse de pouvoir faire part de ce vote favorable à Vauban. Ce vote favorable nous donnera du courage et de l’énergie pour poursuivre cette année qui n’est pas simple. À bientôt.

 

La séance est levée à 12 heures 45.